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5 techniques pour écrire une bonne fin : Conclusions

Nous avons identifié ensemble 5 stratégies efficaces pour écrire des fins à la hauteur des attentes de nos lecteurs. Bien entendu, il ne s’agit que de possibilités, ces techniques ne sont en rien exhaustives.

Au-delà de la mécanique que vous choisirez pour conclure votre récit, je pense que toutes les bonnes fins ont un certain nombre de qualités communes. Aussi, je souhaite partager avec vous ce qui me semble le plus important :
 

I Les qualités d’une bonne fin :

Tout d’abord, la fin doit… exister !

Il faut une fin ! Comparons une fiction à un match de foot (c’est juste pour l’image !). L’équipe que vous supportez peut gagner, perdre ou encore obtenir un match nul. Quoi qu’il se passe sur le terrain (des prolongations, des tirs au but…), à un moment, l’arbitre va siffler la fin du match. À un moment précis, un signal va indiquer cette fin.Il faut qu’il en soit de même pour les histoires que vous écrivez.

Trop d’histoires ne se terminent pas vraiment. On arrive à la fin et on se demande s’il ne manque pas des pages, si on a tout compris. En général, si on a l’occasion d’en parler avec l’auteur, celui-ci va commencer à parler de « tranche de vie», de fin « ouverte ». Attention donc à bien distinguer une fin ouverte d’une non-fin :

Lorsque l’on parle de fin « fermée », Le héros entreprend une ultime action pour atteindre son objectif. Une fois cette action effectuée, il ne peut plus rien faire en rapport avec cet objectif. La fin la plus fermée : le héros meurt. La plupart des histoires policières se terminent par une fin fermée : Le flic arrête le meurtrier.

Si la fin est « ouverte », le protagoniste atteint ou pas son objectif, mais ce qui est important, c’est que la quête de son objectif lui a ouvert de nouvelles perspectives. La fin des histoires d’amour est souvent ouverte : Ils ont compris qu’ils s’aimaient, ont décidé de construire quelque chose ensemble, et maintenant, on les laisse faire leur vie.

Ce qui différencie une fin ouverte d’une non-fin, c’est le franchissement d’une étape. Le personnage termine un cycle de sa vie et s’en va vers le commencement d’un autre.

Certains auteurs pensent parfois que « pour cette histoire-là, la fin, ce n’est pas très important», ou alors, face à la difficulté de trouver une fin satisfaisante, renoncent en se persuadant que ce n’est pas grave. Je pense que ce raisonnement est mauvais et que négliger la fin d’une histoire sera toujours préjudiciable. Une bonne fin est essentielle parce que c’est elle qui imprime la dernière impression à votre lecteur et le souvenir qu’il se fera du moment passé avec vous.

La fin doit être honnête et cohérente.

Lorsque vous écrivez, vous choisissez les informations que vous allez donner au lecteur, mais aussi, et surtout, celles que vous allez cacher. Vous allez tenter, d’une façon ou d’une autre, de surprendre le lecteur, et si vous souhaitez construire une fin spectaculaire, la façon dont vous allez distribuer les informations essentielles va déterminer la réussite ou l’échec de votre fin.

Vous pouvez tout faire, sauf mentir. Si vous trichez, votre lecteur s’en rendra compte, et votre histoire n’aura plus aucun intérêt à ses yeux. De même, votre fin doit être amenée. Elle doit être un prolongement logique et naturel du reste de votre récit.

La fin doit être compréhensible.

Une fois que vous aurez déterminé le concept de votre fin, il vous faudra la rédiger, et l’une de vos principales préoccupations va être de trouver le bon compromis entre une explication trop appuyée (qui fera sentir au lecteur que vous le prenez un peu pour un demeuré) et une fin trop subtile (qui risque de ne pas être comprise). Évidemment, il est plus sympathique d’écrire en sous-entendus et en non-dits, mais essayez vraiment de vous mettre à la place de vos lecteurs. Ils ne sont pas dans votre tête, cela signifie qu’ils ne savent pas tout ce que vous n’avez pas écrit.

De plus, en cas d’incompréhension, ce n’est pas l’intelligence de votre lectorat qui est en cause, c’est sa concentration. Lorsqu’ils lisent un récit, la plupart des gens s’évadent : Telle phrase leur rappelle une autre lecture ou une anecdote, ils lèvent la tête pour voir à quelle station en est le métro, ils interrompent leur lecture pour répondre au téléphone. Bref, leur compréhension du récit est parasitée par tout un tas d’éléments que ni vous ni eux ne maitrisent. L’avantage de la nouvelle est que, de part son format court, elle se lit le plus souvent en une fois, mais malgré ça, les gens peuvent oublier un élément ou passer à coté d’un détail. Et d’un autre coté, qu’y a-t-il de plus énervant que de se faire expliquer quelque chose que l’on a déjà compris ? Le meilleur moyen de parvenir au bon dosage est de faire lire une version test et de demander des retours à ses lecteurs. Commencez par écrire la fin la moins explicative, et faites lire votre texte autour de vous sans donner la moindre information préalable.

Un conseil supplémentaire que je peux vous donner, c’est de déterminer le mot qui correspond le mieux au retournement de situation de votre fin, et de faire apparaître ce mot dans le dernier paragraphe de votre histoire.

La fin doit susciter une émotion.

Beaucoup de gens associent la « nouvelle » à l’idée de chute. Une chute, c’est un rebondissement spectaculaire, un éclairage nouveau sur toute l’histoire. C’est une surprise forte associée à une émotion forte. C’est chouette quand c’est réussi, mais ce n’est pas une obligation. D’autant qu’il est parfois difficile de provoquer une réelle surprise. Cela dépend fortement du genre (dans une histoire d’amour, la plupart du temps, ils vont finir ensemble, on le sait dès le départ).

Même si la fin n’est pas surprenante (il est dans l’aéroport, il a son ticket, mais finalement, il se rend compte qu’il aime Cindy et fait demi-tour pour la rejoindre et la demander en mariage), ce qui est important, c’est qu’elle suscite une émotion. Il y en a 4 principales : la peur, la colère, la joie et la tristesse. Si vous ne pouvez pas déterminer en un instant celle que votre fin doit provoquer, vous pouvez recommencer !

II Quelques conseils supplémentaires

Ne cherchez pas à rendre votre fin systématiquement positive.

J’avais abordé cette notion dans le billet sur la découverte, mais les notions de tragédie et d’ironie dramatique sont valables quelle que soit votre fin. Les auteurs de romans ou de scénarios le savent, il est très difficile de faire mourir ou échouer le protagoniste d’une histoire. Tout simplement parce que les spectateurs veulent le voir réussir, et le travail premier d’un auteur est de satisfaire ses spectateurs.

Mais un lecteur ne crée pas la même relation avec un héros de roman et un héros de nouvelle. C’est une question d’intimité, et l’intimité se crée au fil du temps partagé ensemble. C’est une force de la nouvelle sur toute autre forme de récit long : on ne sait jamais comment ça va finir. Que le type qui va rejoindre son amoureuse se fasse écraser par un camion, que le flic tombe dans le piège du tueur en série, que finalement, cette fille qu’il aime soit en fait mariée, tout est bon à prendre. Aussi, n’hésitez pas à malmener vos personnages.

Construisez votre histoire à partir de la chute.

Quel que soit l’élément qui vous a donné envie d’écrire cette histoire — pour ma part, c’est souvent un déclencheur — essayez en premier lieu de déterminer la fin. Quand vous saurez où votre histoire vous mène, il sera plus facile de la reprendre depuis le début et d’amener au mieux le climax. N’oubliez pas que le dénouement doit être surprenant, mais logique. Dans un second temps, votre travail sur la construction de votre intrigue consiste à fournir au lecteur tous les éléments permettant de rendre la chute la plus efficace possible.

Essayez de donner la clé du rebondissement le plus tard possible.

Dans un film ou un roman, le climax est suivi d’un « retour à la maison ». Truby appelle ça « le nouvel équilibre ». Le héros retourne dans son environnement habituel, le public observe son comportement et constate son évolution. Cela permet aussi au spectateur/lecteur de décompresser avant son retour dans la vie réelle à évacuer les émotions qu’il vient de ressentir lors du climax. À l’échelle de la nouvelle, cette phase de décompression (et d’exposition) nuit au récit. Il n’y a rien à ajouter après la chute. L’efficacité de la chute est inversement proportionnelle à la taille des explications qu’elle nécessite. Dans la nouvelle justement intitulée le fin mot (voir « le dévoilement »), la chute est techniquement parfaite puisqu’elle tient en un mot, le dernier du texte. Un autre très bel exemple : le doigt du monstre de Stéphane Chamak.

 Développez (au moins) une double chute.

Ne vous contentez pas d’une fin, construisez une explosion de rebondissements (de préférence en contradiction les uns avec les autres). Une première chute vous permettra de contenter le lecteur, et les suivantes de dépasser ses attentes.

J’espère que cette série de billets vous aidera à construire vos intrigues et à écrire des histoires brillantes.

L’anthologiste

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5 commentaires

  1. Balde Moboubere a dit :

    je suis vraiment satisfait des infos que vous donnez sur la nouvelle

    1. L'anthologiste a dit :

      Merci!

  2. Christine a dit :

    Bonjour ! Je travaille présentement sur un projet au cours duquel je vais devoir écrire des nouvelles. Je suis certaine d’utiliser vos informations car elles sont claires, précises et inspirantes.
    Le seul problème est que je dois citer toutes mes sources et faire une rigoureuse bibliographie. Ce doit aussi être des sources fiables (les blogs n’étant pas considérés comme fiables) alors je me demandais s’il y avait un livre dans lequel vous êtes allés vous renseigner ou quelles sont les sources que vous avez consultées afin de mettre sur pied ce site.
    Si, pour une raison quelconque, vous ne voulez pas les dévoiler, j’aimerais avoir quelques informations sur vous soit votre nom, votre profession et votre expérience sur le sujet.
    N.B: ces informations serviront pour mon projet seulement et seront vues par un nombre très limité de personnes.

    Merci beaucoup de votre aide ! Continuez votre bon travail, vous êtes une référence en or.

    1. L'anthologiste a dit :

      Bonjour,

      Je suis flatté que vous utilisiez mon travail pour vos recherches, mais je ne peux malheureusement pas vous donner un nom à citer qui soit plus crédible que le mien. J’ai lu de nombreux ouvrages consacrés à la dramaturgie, à l’écriture, j’ai passé de longs moments à décortiquer des textes que j’aimais, j’ai eu des discussions passionnées avec des auteurs, des scénaristes, j’ai travaillé sur des projets littéraires et audiovisuels, j’ai suivi des formations, des masterclass…
      Les quelques réflexions publiées sur ce blog sont une synthèse de ce que j’ai appris, tout le contenu de ce blog est original, je n’ai pas recopié quelque chose qui existait déjà. Si vous souhaitez utiliser mes idées, il va donc falloir faire avec moi comme source.
      D’autant que je ne présente pas des faits historiques ou des statistiques qu’il faudrait vérifier, je propose une méthode de travail. Libre à chacun d’y adhérer ou pas, mais dans la mesure où, selon vous, mes informations sont claires et précises, je ne vois pas comment on peut dire que ça « manque de fiabilité ».
      Néanmoins, puisque votre question porte également sur les livres de référence qui traitent de la dramaturgie, voici un lien vers un site qui présente une bibliographie sélective assez pertinente. Elle est orientée « scénario », mais la plupart des livres cités font partie de mes sources d’inspiration :
      http://www.cedricsalmon.fr/2011/03/truby-robert-mckee-linda-seger-methode.html

      Cordialement

      1. Christine a dit :

        Merci beaucoup de votre réponse ! Je vais consulter le site que vous me proposer avec grande attention. Pour ce qui est de votre travail sur ce site, je ne voulait vraiment pas vous froisser en le qualifiant de peu fiable. Je serais ravie de vous citer dans mes sources… Sous le nom de l’anthologiste ?

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