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5 techniques pour écrire une bonne fin : IV Le rebondissement moral

Vous savez désormais ce que sont la découverte, la révélation et le dévoilement. Dans ce quatrième volet de la série 5 techniques pour écrire une bonne fin, je vais aborder un ressort dramatique que j’ai appelé  le rebondissement moral.

 

Le rebondissement moral :

Pour ce billet, j’ai pris en exemple une nouvelle de Stephen King intitulée la Corniche, que vous pouvez retrouver dans le recueil Danse macabre. Excellent recueil!!!

Lors d’un rebondissement moral, le protagoniste découvre le moyen de renverser une situation injuste (et de préférence désespérée) : 

 

Il s’agit donc d’un climax spécifique, qui ne fonctionne qu’avec les histoires ayant pour thème la justice. Pour fonctionner, le rebondissement moral nécessite plusieurs éléments :

Le déclencheur : Il amorce une situation injuste. Le héros peut alors être une victime ou un simple spectateur révolté.

L’antagoniste : Le méchant de l’histoire doit avoir un pouvoir, une autorité. Il peut s’agir d’un patron, d’un huissier, d’un policier, d’un homme politique. Il peut agir en son nom ou représenter une société, une institution… L’important est qu’il use de son pouvoir de façon tyrannique.

L’objectif du protagoniste : Cet objectif est nécessairement la justice. Le héros veut par dessus tout que justice soit faite. Il est, le plus souvent, la victime, mais pas nécessairement, il peut être simple spectateur. Il va agir pour combattre l’injustice.

L’impuissance des pouvoirs publics ou des autorités : Lorsque l’on est frappé par une injustice, la première chose que l’on fait est de s’en remettre aux autorités compétentes (la police, un juge, un parent, un supérieur…). La personne ou l’institution qui devrait normalement agir doit donc briller par son absence. Il faut justifier cette absence (« tant qu’il n’y a pas eu de crime avéré, on ne peut rien faire, ma p’tite dame »…).

Le développement pousse la situation à son paroxysme, jusqu’à ce que le doigt de la justice écrase l’antagoniste.  Le héros peut découvrir sa capacité à agir, le rebondissement moral inclura alors une révélation. Si le héros découvre que les autorités à qui il faisait confiance sont incompétentes et qu’il faut se battre soit-même, oeil pour oeil, on peut considérer qu’il s’agit alors d’une révélation négative. Le héros peut aussi, simplement, découvrir une opportunité, les bonnes circonstances, ou la faiblesse de l’antagoniste, on se rapproche alors de la découverte.

Enfin, il existe une dernière solution, l’arrivée d’un justicier extérieur. Alors que la situation semble désespérée, un personnage extérieur rétabli l’ordre et la justice. Dans ce cas, le justicier doit être dûment identifié et annoncé dès le début de l’histoire : « Un chefaillon profite de l’absence du boss pour se comporter comme un tyran, il oblige un subordonné à effectuer une tâche pénible qu’il devrait normalement faire lui-même. Finalement, le patron rentre une semaine plus tôt que prévu et remet chacun à sa place… » Dans cet exemple, avant même le déclencheur (le chefaillon qui demande quelque chose au protagoniste), on indiquera naturellement que le patron part 3 semaines aux Seychelles).

 

Exemple :

La corniche est une nouvelle dans laquelle Stephen King met en scène Norris, un joueur de tennis minable opposé à Cressner, un puissant mafieux. Norris est l’amant de Marcia, la femme de Cressner. Les deux hommes se trouvent dans le bureau du bandit, au quarante-troisième étage d’une tour. Déclencheur : Cressner est au courant de ses cornes, il propose un marché au sportif : Il laissera Norris partir avec sa femme et vingt mille dollars si ce dernier parvient à faire le tour du bâtiment en longeant la petite corniche en dessous du balcon (cela semble impossible, Norris est sûr d’y laisser sa peau). L’impuissance des pouvoirs publics : Cressner prévient Norris qu’il a caché de la drogue dans sa voiture et qu’il appellera la police pour le dénoncer en cas de refus de sa part. Norris a déjà eu des problèmes avec la police et risque quarante ans de prisons. Situation tyrannique : Il n’a, pour ainsi dire, aucune chance de s’en sortir, mais se retrouve contraint d’accepter ce pari. Grâce à ses chevilles musclées et sa concentration de sportif de haut niveau, il parvient à contourner le bâtiment à une telle hauteur. Lorsqu’il réapparaît sur le balcon, Cressner est avec un homme de main armé. Paroxysme : Le cocu apprend au tennisman qu’il a tué Marcia et qu’il compte également le descendre. Rebondissement moral : Sous le coup de l’énervement, Norris neutralise l’homme de main et récupère son arme. Maître de la situation, il oblige à son tour Cressner à monter sur la corniche et apprend ensuite au lecteur que, si jamais Cressner parvient à faire le tour, il le tuera, quoi qu’il arrive !

 

Conclusion :

Le rebondissement moral est une sorte de plaisir honteux pour le spectateur qui se délecte du rétablissement de la justice et aussi d’un châtiment (plus ou moins) mérité pour l’antagoniste (on s’approche souvent d’un fantasme pour nombre de lecteurs). Pour être efficace, elle nécessite la mise en place, au fil de l’histoire, de plusieurs éléments. En général, avec ce type de fin, le protagoniste rend lui-même sa propre justice parce que les institutions censées le faire sont impuissantes. Attention donc, cette fin se fonde souvent sur la loi du talion. Elle risque de soulever des questions morales, du genre « A-t-on le droit de faire justice soi-même ? ». Elle risque de choquer une part de votre lectorat. Dans le cas de La corniche, la fin est en partie une révélation négative, puisque le héros décline moralement lorsqu’il décide de se venger, mais ce déclin est temporaire, et le rebondissement moral s’attache plus à la punition de l’antagoniste.

Dans le prochain billet, nous verrons une cinquième et dernière technique, je l’ai appelée surprise extérieure.

L’anthologiste

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2 commentaires

  1. kahina a dit :

    Merci pour vos excellents conseils dont je vais faire mon miel. Je n’avais pas trouvé mieux sur d’autres blogs. Bonne journée.

    1. L'anthologiste a dit :

      Merci pour votre commentaire, je suis très heureux si mes réflexions vous sont utiles!

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